Découverte de nouveaux éléments expliquant les tempêtes de poussière au Moyen-Orient
Une aridité inhabituelle, alliée à des schémas climatologiques uniques, est la cause principale des gigantesques tempêtes de poussière qui touchent le Moyen-Orient. Plusieurs rapports publiés dans les médias pointent du doigt le conflit syrien qui n’en finit plus comme responsable des tempêtes de poussière, en raison de l’évolution de l’usage des sols et de la couverture terrestre : activités et circulation militaires sur des surfaces non revêtues, réduction de l’irrigation par les exploitants, abandon des terres agricoles. Cependant, il ressort d’une nouvelle étude que le climat, et non ce conflit, est à l’origine de ces formidables tempêtes de poussière au Moyen-Orient. Elie Bou-Zeid, membre de l’équipe de chercheurs de l’Université de Princeton, aux États-Unis, explique : « Si la cause de la tempête est de nature humaine, dès lors que le conflit cessera, les tempêtes cesseront, et tout rentrera dans l’ordre. [...] Mais si la cause en est à attribuer à des conditions climatiques amenées à devenir toujours plus fréquentes, alors les tempêtes sont amenées à se reproduire. »
L’intensité et la fréquence des tempêtes de sable au Moyen-Orient se sont grandement accrues au cours des 15 dernières années. En septembre 2015, une tempête de sable a littéralement englouti la plus grande partie du Moyen-Orient, entraînant la mort d’au moins 12 personnes et l’hospitalisation de quelque 1 000 personnes en raison de difficultés respiratoires. En Syrie, la tempête a provoqué des dizaines de cas d’asphyxie, dont 3 ont entraîné la mort, et interrompu les combats et les raids aériens. En mai 2016, des tempêtes de sable répétéesont gravement touché 14 provinces iraniennes, dont la province de Téhéran, 16 villages de la province de Kerman se retrouvant ensevelis et vidés de leurs habitants.
L’équipe de chercheurs de Princeton a fait appel à des données météorologiques de surface et à des données de télédétection, ainsi qu’à des modélisations climatiques de la région. L’analyse des données sur la végétation pour la période précédant les dernières tempêtes indique que la couverture végétale était presque deux fois aussi haute que la moyenne de 2007-2010, et en outre plus importante que la moyenne de 2001-2007. Les simulations météorologiques – utilisant le modèle de recherche et de prévision météorologiques américain, Weather Research and Forecasting – indiquaient que ces tempêtes étaient associées au chammal, vent du nord-ouest qui provoque généralement des tempêtes de poussière dans cette région, et qu’elles étaient suivies d’une inversion inhabituelle du vent à un niveau inférieur, entraînant une large propagation de la poussière. À ces conditions météorologiques inhabituelles est venue s’ajouter une réduction considérable du cisaillement critique, due à des conditions météo extrêmes – sécheresse et chaleur –, qui a contribué à une quantité accrue des poussières d’érosion lors des tempêtes.
En savoir plus : Climate, not conflict, explains extreme Middle East dust storm [Le climat, et non le conflit syrien, est à l’origine des gigantesques tempêtes de poussières au Moyen-Orient), article publié le 8 novembre 2016 sur le site de l’IOPscience, sous l’onglet Environmental Research Letters[lettres de la recherche pour l’environnement]