L’évolution climatique serait-elle après tout une bénédiction pour les oliviers de la Méditerranée ?

L’évolution climatique serait-elle après tout une bénédiction pour les oliviers de la Méditerranée ?

L’ennemi juré de l’olivier – Bactrocera oleae, dite « mouche de l’olive » – pourrait être anéanti par l’évolution climatique. L’olive joue un rôle éco-social significatif dans le bassin méditerranéen, où poussent plus de 90 % des oliviers du monde. En raison d’une infestation massive de cette mouche du fruit et d’autres facteurs, les prévisions pour cette année indiquent une chute de 49 % de la production annuelle d’olives en Italie, et une baisse de 17 % de la production hellène. Résultat : une réduction de 17 % de l’approvisionnement en olives en provenance d’Europe, qui représente 78 % de l’offre mondiale. Toutefois, ces baisses de production pourraient être contenues par l’impact des changements climatiques sur les agro-écosystèmes des plantations d’oliviers, selon E.M. Kabourakis, directeur de laboratoire à l’Institut de viticulture, de floriculture et de cultures légumières d’Héraklion, en Grèce.

Le robuste olivier pourrait fort bien résister à des températures plus élevées, mais pas les mouches du fruit. Cité dans un article récent, Emmanouil Kaboukaris expliquait que ceci était dû à l’effet de températures estivales en hausse sur la dynamique démographique de la mouche de l’olive et sa sensibilité aux températures dépassant 30°C. La mouche de l’olive peine à passer de l’œuf au stade adulte dans des conditions de températures estivales extrêmes, et les mouches adultes voient leur capacité à voler réduite dans de telles conditions. Des études antérieures dans ce domaine ont également indiqué qu’une hausse moyenne de 1,8°C de la température de la planète de 1960 à 2050 boostera l’expansion des plantations d’oliviers, diminuant, dans le même temps, le taux de survie de la mouche de l’olive.

La rentabilité des exploitations d’oliviers pourrait augmenter de plus de 40 % dans des pays tels que l’Algérie, l’Irak et la Tunisie. Luigi Ponti, chercheur scientifique au sein de l’unité Innovation de l’Agence nationale italienne pour les nouvelles technologies, l’énergie et le développement économique durable (ENEA) : « Il s’agit d’une combinaison entre une saison de croissance de l’olive qui se prolonge et le fait que ce parasite – la mouche de l’olive – va souffrir. » De nombreuses incertitudes demeurent néanmoins, quant à la manière dont l’évolution climatique va affecter le rendement des oliviers et la qualité des olives dans le bassin méditerranéen : en effet, d’autres études indiquent que la rentabilité des petites exploitations d’oliviers situées dans les nombreuses zones marginales pourrait décroître, et que, d’un point de vue économique, les changements climatiques auront pour effet de produire des gagnants et des perdants … par zone et par pays.