Ensemencer les nuages dans le ciel de la Jordanie pour provoquer la pluie

Ensemencer les nuages dans le ciel de la Jordanie pour provoquer la pluie 

L’Armée de l’air royale de Jordanie déploie sa flotte dans une série de missions de déclenchement des pluies sur le territoire du royaume. Prêts à décoller, les pilotes n’attendent qu’un signe des services météorologiques jordaniens pour s’élancer dans les airs selon une trajectoire prédéfinie et larguer des fusées remplies d’iodure d’argent dans les cumulus. Les particules d’iodure d’argent agissent comme des noyaux de congélation naturelle, ou glaçogènes, transformant les gouttelettes d’eau en surfusion contenues dans les nuages en flocons de neige, puis en gouttes de pluie. Cette méthode de déclenchement artificiel de précipitations a pour but de lutter contre les graves pénuries d’eau provoquées par les changements climatiques dans le pays ces vingt dernières années.

Cette expérimentation pluviale a d’ores et déjà produit des résultats encourageants. Dans le bassin hydrographique du barrage King Talal, dans le Nord de la Jordanie, le taux de précipitations à la saison des pluies a dépassé de 150 % la moyenne historique, de 145 % dans les régions du Centre-Ouest et de 167 % dans les régions du Centre-Est. Au cours du mois de décembre 2016, cette méthode a été mise en œuvre presque tous les jours, et, selon les relevés, elle aurait permis de doubler le taux de précipitations pendant 17 jours. Fort de ce constat, le gouvernement jordanien a décidé de prolonger l’expérimentation jusqu’en mars 2017.

La communauté scientifique est encore très divisée quant aux impacts potentiels de cette méthode d’ensemencement des nuages. Pour certains scientifiques, déclencher la pluie relève plus de l’art que de la science, et il importe de poursuivre les recherches pour pouvoir mieux comprendre cette méthode, et ses incidences sociales, environnementales et politiques. Pour Ibrahim AL-AROUD, professeur à l’Université de Mutah, en Jordanie, « la technologie d’ionisation est encore en émergence, et n’a pas produit de résultats robustes qui permettraient de l’évaluer de manière scientifique. » À l’inverse, aux Émirats Arabes Unis, l’enveloppe de 5 millions USD allouée à l’innovation en matière de stimulation des pluies a donné naissance à un nouveau brevet prometteur, qui repose sur une application des nanotechnologies aux méthodes d’ensemencement des nuages. La course à la pluie est ouverte !

 

Pour en savoir plus : L’ensemencement des nuages, est-ce que ça marche vraiment ? [en anglais] |   Expérimentation : nuages d’hiver orographiques ensemencés et naturels[en anglais]