Tunisie: un projet d’énergie renouvelable pour exporter de l’énergie en Europe
Exportation d’énergie sans émission de carbone. La société privée TuNur Limited a déposé sa demande d'autorisation auprès du ministère tunisien de l'Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables pour construire un projet d'exportation solaire de 4,5GW dans le Sahara, près de Rjim Maatoug, dans le sud-ouest du pays. L'électricité produite est destinée à être vendue en Europe et sera transportée par câbles sous-marins vers Malte, l’Italie et la France, un approvisionnement en électricité sans émission de carbone dans un marché européen en expansion. Le projet permettra de fournir en électricité plus de 5 millions de foyers européens ou d'alimenter plus de 7 millions de véhicules électriques. La première centrale de 250 MW (estimée à 1,6 milliard d'euros d’investissements) reliée à Malte, pourrait fonctionner d'ici 2020.
Un partenariat énergétique avec l’Afrique du Nord. Selon Kevin Sara, PDG de TuNur « l’aspect économique du projet est plus que convaincant: le site du Sahara reçoit le double de l'énergie solaire comparé à ceux d’Europe centrale, aussi, pour le même investissement, nous pouvons produire deux fois plus d'électricité». En 2014, la Tunisie est devenue le troisième pays au monde à intégrer la lutte contre les changements climatiques dans sa constitution, démarche qui a été renforcée par une loi sur les énergies renouvelables en 2015. TuNur n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir que le gouvernement intègre des dispositions favorables à ces exportations dans la législation sur les énergies propres, en dépit de la résistance du monopole étatique de distribution d’électricité. Bien que le projet ait fait l'objet de critiques, TuNur souligne que son installation prévue permettra de lutter contre la désertification et de minimiser la consommation d'eau. Une étude d'impact prévoit également que le projet pourrait créer 2 000 emplois directs et 20 000 emplois indirects.
Une nouvelle ambition : de l’électricité à l’infini grâce à une énergie propre provenant du désert. Selon les auteurs d'un mémorandum intitulé «Migration, durabilité et plan Marshall pour l'Afrique», présenté en février dernier au Club of Rome, les futurs excédents énergétiques pourraient être exportés vers l'Europe. Cela a toujours été la vision de la Fondation Desertec (une fondation à but non lucratif composée de scientifiques, de politiciens et d'économistes) et de la Desertec Industrial Initiative (DII - un groupe international d'entreprises), qui a été créé en 2009 dans le but de faire naître un projet de centrales thermiques à énergie solaire concentrée, évalué à 400 milliards d’euros, dans les pays de la région MENA et en particulier au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Libye, en Égypte, en Jordanie et en Arabie saoudite, ce qui représenterait 15% de l’énergie européenne d'ici 2050. Bien que ces dernières années, l'initiative Desertec ait été retardée et que de nombreux partenaires en soient sortis, l’évolution récente de la Tunisie pourrait faire revivre le projet d’exploitation de l’énorme potentiel énergétique renouvelable du Sahara.
Ressources: La centrale solaire Noor: une lumière brille dans le désert | 8e sommet des décideurs du secteur de l’énergie venant du désert | La loi N° 12 du 11 mai 2015 relative à la production d’énergie à partir de sources d’énergie renouvelable