Changements climatiques, ressources naturelles et conflits dans les pays arabes

Changements climatiques, ressources naturelles et conflits dans les pays arabes

Le Liban et la Jordanie ont accueilli un nombre considérable de réfugiés. Ces deux pays comptent, outre les nombreux civils palestiniens et irakiens qui avaient fui leur pays avant que n’éclate le conflit syrien, 1,7 millions de réfugiés syriens. Selon les estimations officielles, les réfugiés inscrits représentent actuellement presqu’un tiers de la population de ces deux pays. En conséquence, les niveaux de nutrition se sont cruellement détériorés au cours des 5 dernières années, et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) attire l’attention sur la gravité de l’insécurité alimentaire dans la région. L’un de ses représentants régionaux, Monsieur Abdessalam OULD AHMED, explique : « Un environnement pacifique et stable est un préalable absolu pour permettre aux agriculteurs de relever les formidables défis que sont la pénurie d’eau et les changements climatiques ».

Dans les pays arabes, d’ores et déjà confrontés à une grave crise de l’eau, les ressources en eau ne cessent de s’amenuiser. Les liens entre pénurie d’eau, changements climatiques et conflits ont fait l’objet de nombreux débats lors de la Future Force Conference organisée en février dernier par le ministère néerlandais de la Défense à La Haye, aux Pays-Bas. Dans son discours liminaire, Najib SAAB, secrétaire général du Forum arabe pour l’environnement et le développement (AFED), a rappelé l’urgence d’une gestion appropriée du triptyque eau-énergie-alimentation pour renforcer la production alimentaire dans la région. Il importe de s’orienter vers une économie verte et les énergies renouvelables pour créer des emplois et diversifier la base économique, de remanier le système d’enseignement et de soutenir la recherche et l’innovation. Toutefois, Najib SAAB a tenu à souligner que « tout ceci ne sera viable que si les pays veillent à intégrer les droits fondamentaux humains dans leur politique de développement, à y incorporer les principes fondamentaux que sont participation publique, reddition de compte, transparence et non-discrimination ».

Certaines des incidences moins médiatisées des changements climatiques sont d’ordre social. Les facteurs environnementaux impactent depuis longtemps sur les flux migratoires, les populations abandonnant des régions aux conditions éprouvantes, aux terres dégradées. Les périodes de sécheresse prolongées qu’ont connues les pays de la Méditerranée orientale ces vingt dernières années constituent probablement la pire sécheresse de ces neuf derniers siècles. Une aridité inhabituelle et des régimes climatiques sans précédent sont considérés être les principales causes des tempêtes de poussière extrêmes qui se sont abattues récemment sur le Moyen-Orient. En Syrie, l’exode massif des agriculteurs, des bergers et des familles dépendantes de l’agriculture des zones rurales vers les villes est considéré être un important facteur de l’instabilité sociale et politique, qui tend à exacerber le conflit, la violence, et, à terme, les mouvements migratoires.

 Ressources : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : l’insécurité alimentaire au Proche-Orient et en Afrique du Nord, une perspective régionaleOrganisation internationale pour les migrations (OIM) : stratégie régionale 2017–2020 pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord